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Ramana Maharshi
A seize ans, l'adolescent futur Ramana Maharshi fut saisi par l'angoisse de la mort. Il s'allongea à
même le sol : qu'est-ce qui se passe quand on est mort ? Le corps meurt, les pensées aussi... Que
reste-t-il, enfin ? Grâce à une concentration intense dont il dira qu'elle dura plusieurs heures sur cette
question totalement vitale : qu'est que la mort ?, il connaitra tout à coup l'illumination qui changera
totalement sa vie.
« Environ six semaines avant mon départ définitif de Madura, il se produisit dans ma vie un grand
changement. Ce changement fut soudain. J'étais seul dans une des pièces du premier étage, dans la
maison de mon oncle. Je n'avais été malade que rarement, et ce jour-là ma santé était excellente;
mais je fus pris soudain d'une violente peur de la mort. Rien dans mon état ne la justifiait, et je n'es-
sayai pas d'en découvrir la raison; je me contentai de l'éprouver. Je me disais: « Je vais mourir », et je
me demandais que faire. Il ne me vint pas à l'esprit de consulter un médecin, ou l'un de mes amis. Je
sentais qu'il me fallait résoudre moi-même le problème, et sur le champ.
« Le choc causé par la peur de la mort forçait mes pensées à l'observation intérieure, et je me répétais
mentalement, sans réellement formuler des paroles: « Maintenant que la mort est là, que signifie-t-
elle ? Qu'est-ce que c'est que mourir ? C'est ce corps-là qui meurt! » Et aussitôt je dramatisais le fait de
la mort. J'étais couché, les membres raides comme si j'étais mort réellement.
J'imitais la situation d'un cadavre pour donner à mon enquête une réalité plus grande. Je retenais ma
respiration, et serrais les lèvres pour qu'aucun son ne put s'en échapper, pour m'empêcher de
prononcer le mot « je », ou tout autre mot. « Bon! me disais-je, ce corps est mort. On l'emportera
complètement rigide au lieu de sa sépulture, où on le brûlera et le réduira en cendres. Mais suis-je
mort par cette mort de mon corps ? Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la
pleine force de ma personnalité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis
donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut
être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel. »
« Ces pensées n'étaient pas obscures et ternes. Elles jaillissaient en moi telles d'éclatantes vérités, que
je percevais directement sans que mes activités cérébrales fussent en jeu. Le « moi » était donc quelque chose de très réel, la seule chose réelle dans mon état présent,
et toute l'activité consciente de mon corps se concentrait sur ce « moi ». Depuis cet instant, la puissance fascinante de ce « moi » se plaça au cœur même de toute mon attention.
« La crainte de la mort avait disparu, et pour toujours. L'absorption dans le « moi » se poursuivit sans interruption. D'autres pensées passaient et disparaissaient,
pareilles à diverses notes de musique, mais le « moi » demeurait comme la note fondamentale, sous-jacente à toutes les autres notes, et se confondant avec elles.
Citation de Ramana Maharshi
Aucune étude ou connaissance des écritures n'est nécessaire pour connaitre le Soi, pas plus qu'un
homme n'a besoin d'un miroir pour se voir lui-même. Toute connaissance doit-être en fin de compte
abandonnée comme non-soi. Les travaux ménagers, le soin des enfants ne sont pas nécessairement
un obstacle. Si vous ne pouvez rien faire de plus, au moins continuez à dire en vous-même,
mentalement, "je" absolu comme conseillé dans "Qui suis-je" . Si l'on pense sans interruption "je"
absolu cela conduit à l'état de réalisation du Soi. Continuez à le répéter quoi que vous fassiez, que
vous soyez assis, debout ou marchant. "Je" est le nom de Dieu. C'est le premier et le plus grand de
tous les mantras. Même OM ne vient qu'en second.
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